Pour poursuivre ce regard intéressant sur les chiffres du bilan de la restauration hors domicile (RHD) nous nous intéressons maintenant à l’avenir. Nous croyons fortement qu’il est nettement plus intéressant de se projeter plutôt que de regarder, dépité, les mauvais chiffres qui donnent le tournis ou l’envie de jeter l’éponge. Que peut-on envisager demain ?
CE QUE PRÉDIT NDP GROUP…
…est plutôt encourageant.
Oui, si nous voulons être optimistes et nous devons l’être, le cap est plus que difficile à passer mais ce qui en ressortira sera aussi une juste évolution du marché. Une accélération de ce qui se profilait déjà hier, avant le drame.
La restauration rapide continuera à dominer le marché avec les offres à partager économiques et familiales, tels que les buckets en fast-food.
La dimension économique est particulièrement importante car à force de compenser « le manque » de restaurants, on a su se faire plaisir à coups de livraison à domicile et autre vente à emporter. A cela on peut ajouter également la perte de pouvoir d’achat lié au chômage partiel pour certains. Le porte-monnaie a un peu souffert, on pense un peu plus à demain et par conséquent on va faire un peu plus attention à ses dépenses.
Quant à la dimension partage des offres, c’est ni plus ni moins qu’une réaction aux interdits liés aux distanciations sociales que nous impose la crise. Finalement, il n’y a plus qu’avec sa famille la plus proche qu’on peut encore penser à partager « à la bonne franquette ».
Une réflexion d’offre peut-être à mener au-delà des fast food ?
L’offre de restauration à emporter se développera avec l’introduction de plats français traditionnels en plus grand nombre, tandis que les plats venus d’ailleurs (mexicain, thaï, japonais, etc.) et la street food inédite vont continuer à nous faire voyager dans nos assiettes.
Ah le voyage dans l’assiette ! Désormais unique moyen de prendre la voie des airs et ce pour encore un petit moment. Cette tendance était déjà très forte avec ces modes selon les années et elle n’est pas près de s’éteindre.
Il est intéressant de voir que la restauration à emporter concerne aujourd’hui aussi la carte française traditionnelle. On peut y lire l’entrée sur ce marché des restaurateurs jusqu’au plus haut de la gastronomie.
La fermeture soudaine des restaurants a également coupé toute possibilité de retrouver ces saveurs d’antan si réconfortantes, cuisinées dans la plus pure tradition ou délicieusement revisitées dans les bistrots qui fleurissaient en ville.
Pouvoir continuer à faire perdurer l’expérience grâce à la VAE ou la livraison est un vrai plus pour le consommateur. Il saura s’en souvenir à la réouverture des lieux.
Restauration à table : avec la réouverture des établissements prévue au printemps, les espaces extérieurs devraient particulièrement bien fonctionner aux beaux jours. Le drive devrait continuer à progresser sur ce circuit.
Alors on sait maintenant que ne ce sera hélas pas au printemps. Par contre ce dont on peut être certain c’est que l’on ne se fera pas prier pour retrouver nos espaces de vie que sont les restaurants. La grande inconnue reste pour les petits établissements sans terrasse, charmants justement parce qu’ils sont petits.
La poursuite du drive n’est pas une surprise par ailleurs. Ce dispositif reste très pratique et permettra d’offrir aux restaurateurs un souffle non négligeable. Car même rouverts ces derniers ne pourront pas atteindre leur seuil de capacité maximal avant encore un petit moment.
La livraison a encore de belles perspectives devant elle. Elle est certes encore sous-développée en France par rapport à d’autres marchés tels que le Royaume-Uni, mais la crise de la Covid-19 a joué un rôle d’accélérateur dans l’adaptation à de nouveaux comportements.
Accélérateur, le mot est faible ! Les majors de la livraison à domicile ne s’y sont pas trompé d’ailleurs eu égard à leur prise de parole importante et accélérée depuis 1 an. Cela a accéléré également le phénomène de dark kitchen au point de se demander s’il n’y aura pas bientôt plus d’unités de production que de lieux d’accueil pour se restaurer.
Difficile de dire aujourd’hui si le modèle est destructeur ou salvateur. La vérité est sans doute entre les deux.
Cependant, la chute des chiffres du côté de la livraison, du moins aux premiers mois de la réouverture des restaurants est assez inéluctable. Ne serait-ce que le temps de laisser passer l’euphorie du droit de se retrouver dans nos lieux favoris.
La déstructuration des repas devrait continuer : avec le télétravail, les pauses déjeuner deviennent plus flexibles et plus ventilées.
Evidemment, les habitudes prises pendant plus d’un an ne peuvent que perdurer pour la majorité d’entre nous. Cela veut dire pour les acteurs, une nécessité de compléter, agencer, réinventer leurs offres, leur organisation. Le temps de la pause méridienne a fait son temps. Une phrase qui pourrait faire sourire les habitants de certains pays pour qui « l’heure de déjeuner » ne veut pas dire grand-chose depuis toujours.
Wait and see tout de même en ce qui concerne la France. Il y a des choses avec lesquelles on ne plaisante pas : le repas en est une !
Retour sur les chiffres clés du bilan de la restauration hors domicile (RHD), par ici